16 Janvier 2014
Faro (Portugal) – Rumilly (74) : 1966 km / 20850m D+
Quelques chiffres : 1966 km parcourus
20850m Dénivelée +
11 étapes
179 km/ jour de moyenne
207 km : la plus longue étape : Aranda de Duero (E) – Tarazona (E)
156 km : la plus courte étape : La Seu d’Urgell (E) – Perpignan (66)
82h44 de vélo
23,8 km/h de moyenne
43415 Kcal dépensées
plus de photos ici ! Balade réalisée du samedi 7 septembre au mardi 17 septembre 2013.
Aujourd’hui, samedi 7 septembre, mon projet de revenir du Sud du Portugal en vélo prend forme. L’idée m’était venue en décembre : je voulais visiter le Portugal que je ne connaissais pas. En février je réserve alors le vol aller simple Genève-Faro. C’est une première pour moi de prendre l’avion avec mon vélo ! Ma préparation a été moyenne : j’ai tout juste 5000 km depuis Mars, le début de ma saison, ce qui est plutôt normal. Par contre je n’ai pas de bonnes sensations en montagne…et je grimpe mal cette année !
Je pars léger comme à mon habitude, avec une sacoche de guidon (APN, cartes routières, de quoi grignoter, porte monnaie) et un petit sac à dos de 25l (1 tenue cycliste de rechange, 1 tenue civile, 1 petite polaire, 1 K-Way, affaires de toilettes…) et surtout une…carte bancaire !
Hier, j’ai bien emballé mon vélo dans un carton pris chez mon vélociste. Juste besoin d’enlever les roues, les pédales, la tige de selle et dévisser le cintre. Je me suis exercé à le démonter et remonter (vu mes piètres qualités de mécano). Je reste néanmoins un peu inquiet de voir comment je vais le récupérer à Faro…
3h30 : Départ de la maison, Flo et Laurent m’emmènent à Genève, mon avion est à 6h20. 2h30 plus tard, j’arrive sans encombre à Faro. Mon carton arrive le dernier sur le tapis roulant, mais il est ‘sain et sauf’ ! Je sors de l’aéroport et m’isole à côté d’un parking. Très calmement, je remonte mon vélo, je règle le compteur, je me change et enfile ma tenue de combat, à savoir ma tenue cycliste. Maintenant je suis paré, l’aventure peut commencer. J’ai un peu de stress de savoir que je suis seul, largué à 2500 km de la maison et que je ne peux compter que sur moi-même pour rentrer…
1ère étape : Faro (P) – Ferreira do Alentejo (P) / 159 km - 1680m D+ - 25,0 km/h
Il est 9h00 , moins d’une heure après mon atterrissage lorsque j’enfourche mon vélo et me dirige vers la plage de Faro qui est à seulement 3 km de l’aéroport. Je tenais absolument à mettre les pieds dans l’Atlantique ! J’abandonne mon vélo un court instant sans le quitter des yeux, juste le temps de faire trempette. La plage est très sympa et quasi déserte à cette heure-ci. Je prends le temps d’aller boire un coca au bar de la plage, c’est ma première boisson depuis mon réveil.
Le ciel est couvert et il fait 26 °C, idéal pour le vélo. Je me retourne une dernière fois sur la mer que je quitte et j’entame donc maintenant mon parcours plein Nord. Je repasse devant l’aéroport, traverse la périphérie de Faro et je trouve sans problème ma route, la N2. Plus je m’éloigne de Faro, plus la circulation se fait rare à mon grand soulagement. Cette route est très bien revêtue, elle monte en pente douce dans les collines avec de nombreux virages, j’apprendrai plus tard qu’on l’appelle la route aux 365 virages ! L’altitude oscille autour des 500m, mais sans grandes difficultés, je me régale, c’est le pied !
Je traverse des forêts de chênes liège qui ont été amputé de leur écorce, ça me change de mes forêts de sapins ! Il est 12h30, Je m’arrête à Ameixial (km 65) dans un café. Il faudrait juste remplacer les voitures par des chevaux et J’aurai l’impression d’être au FarWest. J’arrive à me faire comprendre que je veux un gros sandwich et une bière…tout ça pour 3€ ! Un cycliste local s’arrête en me voyant, nous essayons d’échanger deux mots, pas facile, et il me souhaite bonne route pour la suite.
Au km 110, j’ai un problème technique : je casse mon câble de dérailleur au milieu de nulle part. Impossible de changer de plateau. Heureusement, je suis à 10km d’un gros village, Castro Verde. J’y parviens en moulinant sur le petit plateau. J’explique mon cas à un passant qui a la gentillesse de m’emmener jusqu’à un marchant de vélos, hélas fermé aujourd’hui. Nous sommes samedi et je crains de devoir attendre lundi l’ouverture du magasin… Je suis désemparé ! J’interpelle un autre passant, très gentil lui aussi, qui n’hésite pas à me conduire à travers les ruelles jusqu’à un réparateur de motoculteurs. Le mécano est au bistrot juste à côté de sa boutique. Il en sort avec d’autres personnes. Ils se retrouvent à 7 ou 8 autour de moi. Deux d’entre eux parlent français et ils m’interrogent d’où je viens, où je vais, soupèsent mon vélo…ils ont l’air impressionnés, pourtant il n’y a pas matière, j’ai fait seulement 110 kilomètres…Le mécano m’explique qu’il ne peut rien faire sauf me donner un câble. C’est déjà ça ! je veux le payer mais il refuse…incroyable ! j’offre donc une tournée générale au bistrot, coca pour moi, vin rouge pour eux. Ils me rendent la pareille et les discussions vont bon train, si bien que le mécano se penche finalement sur mon vélo et en 2 temps 3 mouvements, me remplace le câble avec un réglage hyper précis digne des meilleurs vélocistes !
J’explique à mes sauveurs que je prévois d’aller ce soir jusqu’à Ferreira do Alentenjo, qui est encore à 50km. L’un d’eux me dis d’aller chez les pompiers de sa part, et que je pourrai être hébergé. Nous échangeons nos adresses mail, et on se dit 3 fois au-revoir ! Mon petit incident technique me permet de passer vraiment un bon moment et de découvrir que l’hospitalité portugaise, c’est quelque chose !
Il est 18h30 lorsque j’arrive à Ferreira. Je m’arrête à la caserne de pompiers et après un coup de fil à son supérieur, le pompier de permanence me conduit dans une chambre, spartiate mais efficace, matelas au sol, douche au palier…je n’en demandais pas tant ! Après m’être fait une beauté, Je fais le tour du gros village (8500 h) à pied. Je m’imprègne de l’ambiance, c’est ma première soirée au Portugal. Je trouve un resto et m’installe à la terrasse. Je mange un menu complet avec une bière pour 6,50 € ! Je n’en reviens pas…Décidément : J’aime le Portugal !
2ème étape : Ferreira do Alentejo (P) – Abrantès (P) / 201 km – 1785 m D+ - 24,0 km/h
Il est 7h45, je cherche quelqu’un pour signaler mon départ, mais la caserne est désespérément vide. Je dois pourtant partir, je laisse donc un mot de remerciements à mes hôtes et enfourche mon vélo pour cette seconde étape. Je ne déjeune pas, mais j’ai avec moi un paquet de biscuits et 500g de figues sèches.
Le ciel est aujourd’hui bien bleu ce qui annonce un chaude journée...la route, comme hier, est en très bon état avec peu de circulation, elle me semble même disproportionnée. Je remonte toujours plein Nord le Portugal, les collines ont disparues et c’est un parcours plat, à peine ondulé qui m’attend. Je traverse quelques villages dans lesquels la route bitumée se transforme en route pavée, Roubaix est pourtant loin ! Les maisons sont blanches, tout est paisible.
Il commence à faire très chaud, je m’arrête régulièrement dans les cafés pour prendre un coca et j’en profite pour faire le plein de ma gourde. Ça me permet de tenir 30 km et rebelote, je m’arrête de nouveau. Il n’y a pas de bassins comme chez nous, mais une chose est bien, dans chaque village, aussi petit soit-il, il y a un bistrot. Je fais très attention à m’hydrater correctement car je sais que la réussite en dépend beaucoup.
Il est 13h00, j’arrive à Mora (km 110) et je passe devant un restaurant où il y a beaucoup de monde. Je regarde le menu et bingo, je vois ‘bacalhau’ (morue en portugais), j’adore et je craque. Je n’avais pas prévu un resto, mais la tentation est trop grande ! Le restaurant est bondée, la salle est bruyante et la télé fonctionne pour ne rien arranger à ce brouhaha. Peut importe, je savoure ma morue qui est excellente et m’octroie une bonne heure de pause.
Au moment de repartir, mon compteur affiche 36°C, c’est terrible. Heureusement que le profil est plat et que je n’ai pas de cols à gravir. Mais très vite, l’effet de la morue agit : j’ai une soif terrible. En choisissant la morue, je n’avais pas pensé qu’elle était salée et avec la chaleur d’aujourd’hui, ce n’est pas la meilleure idée que j’ai eu…
Je traverse le barrage de Montargil, ça fait du bien de voir un peu d’eau au milieu de ces paysages secs où l’herbe est jaunie par le soleil. La retenue est sauvage, il n’y a pas d’urbanisme autour, j’aime beaucoup.
je poursuis et arrive à la ville d’Abrantès (40000 h), exactement conforme à mon planning. Je trouve un hôtel tout au sommet de la ville, mais je dois faire 1 km très raide pour y parvenir, ça finit de m’achever. Je suis récompensé par la vue sur la ville et la vallée. Ce soir c’est donc hôtel 3 étoiles pour 30€ avec petit déj, pas mal du tout !
Non loin de l’hôtel, il y a un bus londonien aménagé en pizzeria. Après m’être débarbouillé, je décide d’aller y manger une pizza. Par contre là, pas terrible ! Je pense même que c’est la plus mauvaise pizza que j’ai mangé.
Bilan hydrique de la journée : 4 litres de coca (moi qui n’en boit jamais d’habitude !) + 4 litres d’eau + 2 bières.
3ème étape : Abrantès (P) – Arganil (P) / 164 km – 2745 m D+ / 22,0 km/h
Après une bonne nuit de sommeil, je me réveille à 7h00. A 7h30 je file prendre mon petit déjeuner, c’est un buffet, j’en profite pour bien garnir mon assiette. Je suis seul dans la grande salle à manger mais je ne tarde pas à être rejoint par un couple de touristes français...les premiers depuis Genève. Nous discutons un bon moment, mais l’horloge tourne et je dois partir. Je fais un rapide passage dans la chambre pour mettre ma tenue de vélo et prendre mes affaires, et je récupère enfin mon vélo qui était stationné dans le garage de l’hôtel.
Hier, ma selle s’était baissée. Je resserre donc délicatement le collier…et paf : la vis se casse ! Cette fois-ci, la selle descend complètement dans le tube de selle : impossible de pédaler dans ces conditions. Je rejoins le bas de la ville et encore une fois, j’ai l’occasion de tester la gentillesse des Portugais : j’explique mon cas à un piéton, et celui-ci m’emmène spontanément à travers les rues chez un vélociste. Il est 8h45 et le magasin ouvre à 9h00…si ça c’est pas du bol ! Je dois avoir une étoile sur ma tête, car ce pépin arrive pile-poile dans une ville où il y a un vélociste, et des vélocistes durant mon parcours, j’en ai pas vu des masses...
Le collier changé, je peux reprendre ma route en toute sérénité, mais la matinée est déjà bien entamée. Pour sortir d’Abrantès je galère une peu, j’hésite dans la direction à prendre et pour être certain de ne pas me tromper, j’interroge une automobiliste. Ni une ni deux, celle-ci me propose que je la suive en vélo. Encore une fois, 5/5 pour l’amabilité portugaise.
Me voilà maintenant sur le bon rail. Une fois sorti de la ville, la circulation redevient calme. La route est toujours aussi bien revêtue et les collines réapparaissent. Ca monte, mais rien de bien sévère.
Peu avant Sertà, je passe au Centre Géodésique du Portugal. C’est bon pour le moral, je me dis que j’ai parcouru la moitié de ce pays, ça me permet de me situer : Les photocopies de carte routière que j’ai avec moi ne me permettent pas d’avoir une vue d’ensemble du Portugal.
Après une belle descente sur une route large et sinueuse, je traverse Sertà (km 55). Il fait déjà très chaud. Je dois m’arrêter manger quelque chose et surtout boire. Je ne traine pas et repars presque aussitôt. Je traverse le Rio Zezere, la route se rétrécit, les paysages sont beaucoup plus accidentés et boisés qu’hier…je me régale. Je ferai ma pause au prochain village en espérant qu’il y ait un bistrot, et bien sûr, c’est le cas. Je suis à Figueiro do vinhos (km 80) et il fait plus de 30°C. Je prends un Pain Bagnat et 1,5l de soda…
Je fais une micro-sieste digestive qui me fait le plus grand bien et je remonte sur mon vélo. Je m’approche maintenant inexorablement des montagnes. Des éoliennes en recouvrent le sommet et c’est précisément là que je vais devoir aller. Je traverse le dernier village avant l’ascension. J’en profite pour faire le plein d’eau, il ne faudrait pas tomber en panne sèche par cette chaleur. J’utilise un petit développement, la route est maintenant étroite mais toujours en très bon état. Les éoliennes qui paraissaient tout à l’heure inaccessibles se rapprochent, je passe finalement à leur pied, je suis à 1100m d’altitude, la vue porte très loin, c’est royal ! La cerise sur le gâteau, maintenant c’est un longue descente d’une vingtaine de km au milieu de paysages sublimes (un air de Corse) qui m’attend jusqu’ à Lousa (km 130). Durant ces 35 derniers kilomètres, je ne croise pas une seule voiture…
Je poursuis jusqu’à Arganil sans être certain de trouver un hébergement. Mais finalement je m’aperçois que c’est un village important et touristique. J’essaie d’aller au camping situé à 2km d’Arganil, mais je n’ai pas de tente et le camping ne loue pas de bungalow. Je dois donc retourner au village où je trouve un hôtel pour 30 €. Ce soir, j’ai 60 km de retard sur mon planning du fait de mes péripéties de ce matin.
4ème étape : Arganil (P) - Torre de Moncorvo (P) / 179 km – 2455 m D+ / 22,6 km/h
Le petit déjeuner est servi relativement tard, c’est seulement à 8h15 que je commence à pédaler, mais avec le ventre plein. J’aurai pourtant aimé partir plus tôt pour rouler plus longtemps ‘à la fraiche’.
Les 30 premiers kilomètres sont très calmes. La route serpente le long des collines, il y a très peu de voitures, je traverse quelques villages paisibles, tout est douceur de vivre.
Arrivé à Galize, les choses changent. Je rejoins la N17, et là c’est nettement moins plaisant. La circulation est importante, avec souvent des camionnettes qui fument plus que de raison (les contrôles techniques ont l’air moins rigoureux qu’en France !) il n’y a pas vraiment de quoi savourer ce passage. Sur ma carte Michelin pourtant, cette route ne semblait pas plus importante que les autres…c’est comme ça sur une vingtaine de kilomètres jusqu’à proximité de Seia.
A Vila Cortes da Serra (km 80), je m’arrête boire un coup dans un bar-restaurant. Il est midi, les odeurs de bouffe me parviennent à la narine, la faim arrive brutalement et finalement, je me laisse tenter par un vrai repas. Le Resto à cette heure-ci est encore vide. On me prépare vite fait bien fait une assiette et 30mn plus tard, j’en ressors requinqué.
La température s’est élevée, il fait 34°C à mon compteur. Sur le plat, avec la vitesse et la sensation de vent, c’est supportable. En revanche, dès que le route s’élève, c’est autre chose ! Et justement, je dois maintenant gravir sur 5-6 km une montagne (que je n’avais pas repéré sur ma carte). Il n’y a pas un recoin d’ombre. Je n’ai plus d’eau depuis quelque temps, c’est terrible, je ruisselle de sueur de tout mon corps.
Arrivé au sommet de cette satanée montagne, il y a un bar au carrefour de deux routes. Je ne mets pas longtemps pour descendre de vélo et ingurgité 1 puis 2 coca. Le patron parle très bien français, il a travaillé longtemps en France et il est très intéressé par mon voyage. Il aimerait même contacter la presse locale…euh faudrait quand même pas pousser… !
Je ne manque pas de le questionner pour la suite de l’étape. Je voudrai savoir s’il faut s’attendre à d’autres surprises, comme cette montée que je n’avais pas répertorié. Il me rassure en me disant que la suite est plutôt roulante. Effectivement, comme on dit, après l’effort, le réconfort : Les jambes sont revenues et sur près de 50 km, je me régale avec une route superbe et des paysages arides, seulement quelques oliviers et vignes, j’adore ! Je ne peux d’ailleurs pas résister à la tentation de gouter le raisin (mûr à point) qui va donner dans peu de temps, le Porto.
Seul bémol, les feux ont sévi par ici. Des pans entiers de collines sont carbonisés. Je vois quelques cabanes isolées qui n’ont pas résisté aux flammes. Un peu plus loin, un hameau de quelques maisons a été sauvé in extremis, c’est le seul espace vert dans ce décor noir. Les habitants ont dû avoir chaud aux fesses…
Il est 16h30, je suis à Vila Nova de Foz Coa (km 160). C’est un village important mais il est encore tôt pour stopper maintenant. Après une bonne bière, je décide de poursuivre en espérant trouver un hébergement dans l’un des prochains villages. Après une belle descente, Je traverse le Rio Douro qui, plus en amont, fait office de frontière avec l’Espagne.
J’arrive enfin à Torre de Moncorvo (8500 h). Je m’installe dans un hôtel pas cher. Après les étirements, la douche, la lessive etc, je descends au bar. Avec le patron et un autre client, nous buvons 1 puis 2, puis 3 tournées de bières, si bien qu’avec la fatigue et la faim, je me retrouve complètement ‘pompette’…Je passe une très bonne soirée ! On me conseille alors d’aller manger maintenant si je ne veux pas voir le resto fermé ! C’est vraiment chouette le Portugal…
5ème étape : Torre Moncorvo (P) – El Cubo de Vino (Sp) / 162 km – 2120 m D+ / 20,4 km/h
L’hôtel ne fait pas le petit déjeuner, je peux donc partir à l’heure que je souhaite sachant que j’ai de quoi grignoter avec moi. Il est 7h30, le soleil n’est pas encore levé et je ressens une petite fraîcheur matinale, normal, je suis à 900m d’altitude et je ne vais pas m’en plaindre !
Depuis mon départ de Faro, soit 700km, je remonte plein Nord le Portugal, mais aujourd’hui, je change de cap et m’oriente plein Est.
Dès la sortie de Torre Moncorvo, je m’aperçois vite que les jambes ne sont pas là : je passe les côtes très laborieusement. Est-ce le fait de mes excès de bières d'hier soir, de mon départ à froid en montée, ou pire, de la fatigue générale qui s’installe ? Et pour rien arranger, le vent se lève et bien sûr, je l’ai de face !
La journée s’annonce plus difficile que je le pensais. Après 2h de pédalage, j’ai parcouru seulement 35 km, pas très bon pour le moral. Je déteste le vent et encore plus aujourd’hui. J’espère qu’il change de direction et me laisse tranquille pour cette étape, mais rien à faire, il est bien de face et je dois le subir si je veux avancer.
Mes fruits secs que j’ai emporté ne suffisent pas, je m’arrête dans une station essence pour manger un sandwich et bien sûr boire un coca. Pour la première fois depuis Faro, mon moral est attaqué. Comme un signe, parmi le peu de circulation, une voiture immatriculée en France me double…ah si seulement !
Pour retrouver le moral, Je détourne mon attention sur les paysages que je traverse, je retrace dans ma tête le parcours déjà effectué, je pense aux personnes qui m’encouragent et m’envoient des sms…je dois absolument oublier ce maudit vent !
Comme hier, je traverse de nouveau une portion complètement carbonisée de part et d’autre de la route. C’est un spectacle de désolation. L’incendie ne doit pas être vieux, je sens encore l’odeur de fumée.
J’arrive à Mogadouro (km 60) dernier gros village avant l’Espagne, à 11h00. Je ne m’arrête pas et continue mon chemin, je suis maintenant à 30 km de la frontière au sommet d’un plateau, sur une route plate et toujours aucun obstacle pour stopper le vent.
Le Rio Douro a creusé ce plateau. Une belle descente me permet d’atteindre de barrage de Bemposta (km 90). Je croise deux cyclo-randonneurs dans la descente, les premiers depuis mon départ. Nous nous saluons sans s’arrêter. Dommage, j’aurai voulu savoir d’où ils venaient !
Je traverse pour la seconde fois le Douro. Voilà, après 800 km parcourus au Portugal, je me trouve en Espagne. Il est 12h30, je ne peux m’empêcher d’envoyer des sms pour faire partager ma joie.
Je dois maintenant remonter pendant 9 km pour atteindre le plateau côté espagnol et Fermoselle, mon premier village ibérique. Je traverse les ruelles, tout est mort, je ne vois personne, on dirait un village fantôme. Il est 13h15, c’est peut-être l’heure de la sieste ! je trouve enfin une épicerie. Parfait pour mon casse-croûte que je mangerai à l’ombre, à la sortie du village.
La route est maintenant plate, les paysages sont arides, l’herbe est jaune. Je bataille à 20km/h seulement sur cette portion facile. Décidément, le vent ne m’aura pas épargné aujourd’hui ! Je m’octroie une petite sieste réparatrice à l’ombre d’un arbre. Je compte sur ma carte les kilomètres qui séparent chaque villages. Mon regard s’arrête très souvent sur mon compteur…c’est un signe : je suis fatigué et j’en ai marre !
J’ai décidé de stopper pour aujourd’hui à El Cubo del Vino quoiqu’il en soit, même si je ne trouve pas d’hôtel. Je demanderai alors l’hospitalité chez l’habitant. En fait, ce sera inutile car arrivé sur place, on me signale une auberge dans une petite rue du village.
Je suis accueilli très chaleureusement par la patronne, et avant même de m’installer, elle m’offre une boisson et du chorizo. Elle ne parle ni français, ni anglais ce qui est bien dommage. Je comprends que l’auberge est situé sur le chemin de Séville à St Jacques de Compostelle. Hélas, ce soir il n’y a qu’un autre client, un routier très sympa qui lui aussi ne parle qu’espagnol. J’aurai aimé rencontrer des pélerins. Avant le repas, je parcours le village à pied et je vais prendre un verre dans un café. Là aussi, chaque village a son bistrot.
Le repas est gargantuesque. La patronne se met en 4 pour nous faire plaisir, c’est vraiment très généreux de sa part et en plus, elle m’offre une petite poterie locale. Ça c’est de l’accueil. Bravo à l’auberge Fym, c’est son nom.
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